l’île Seguin : de l'industrie automobile à l'industrie culturelle
C'est officiel, 2 ans après l'annonce du rachat de 4.2 hectares sur l'Ile Seguin, Vincent Bolloré a définitivement abandonné son projet de campus, qui devait regrouper son siège ainsi que l'ensemble des filiales Bolloré et Vivendi.
Les modifications imposées par quatre associations locales au projet ont ainsi eu raison de l'accord signé la ville de Boulogne et l'homme d'affaire, allongeant la liste des projets avortés : les grandes tours de bureaux de l'architecte Jean Nouvel, la fondation d'art contemporain de François Pinault et la Cité Artistique R4.
Profitons de cette actualité pour faire un bond d'un siècle an arrière...
C'est en 1919, au lendemain de la Première Guerre Mondiale, que Louis Renault, déjà propriétaire de plusieurs ateliers à Boulogne Billancourt et désireux d'étendre son activité, jette son dévolu sur une friche de 11.4 hectares située dans une boucle de la Seine, entre Boulogne, Meudon et Sèvres : L’île Seguin.
En 1939, les usines couvriront 100 ha, de Meudon à Boulogne. Au plus fort de son activité, dans les années 70, l'usine produira près de 11 000 véhicules par jour et emploiera jusqu'à 20 000 ouvriers.
Véritable laboratoire des relations entre les salariés, le patronat et l'Etat, l'Usine Renault sera également le théâtre de grèves et de mouvements sociaux contestataires, marquant ainsi l'Histoire sociale et politique française.
Jugée trop petite, trop polluante, trop peu concurrentielle et plus assez rentable... Après 70 années d'activité, le 27 mars 1992 la toute dernière Super 5 sort des chaîne de montage de l'usine.
En 2003, Renault et la ville de Boulogne signent un protocole d'accord pour le réaménagement du site.
C'est en 2009 que le Pont Renault, reliant le quartier du Trapèze à l’île Seguin est inauguré et en 2010 que le projet du Trapèze Ouest abouti avec la livraison de 25 immeubles d'habitation et de bureaux, d’équipements publics et d'espaces verts et l'installation de grandes entreprises, leaders dans leurs domaines d'activité : L'Equipe, Roche, Michelin, Carrefour...
Le quartier du Trapèze comprend notamment aujourd'hui plus de 230 000 m² de bureaux et activités de bureaux et près de 75 000 ²m d'activités et commerces, représentant environ 12 000 emplois
Il faudra finalement attendre près de 25 ans pour que le "Paquebot" Renault laisse place en 2017 à un "vaisseau musical" de béton végétalisé.
Ce mois ci verra le début des travaux de terrassement de la construction du Pôle artistique et culturel porté par le groupe Emerige sur la pointe amont de l’île.
Enfin, la partie Est du Trapèze, dont la livraison est prévue pour 2023, est un programme mixte dans la même veine que le Trapèze Ouest mêlant logements, bureaux et activités et équipements publics avec des exigences renforcées notamment en matière de développement durable.
Le quartier Île Seguin - Trapèze constitue aujourd'hui un pôle économique basé sur une mixité bureaux - habitations et espaces verts en phase avec les critères actuels de développement durable.
Le site est voué à poursuivre son développement avec l'implantation de la future ligne 15 du Grand Paris et à offrir un rayonnement culturel et artistique à l'Ouest Parisien avec les sites de la Seine Musicale et le futur pôle artistique et culturel du groupe Emerige.